mardi 8 février 2011

Intelligence économique frontière de l'infini

Star Trek, Entreprise au milieu de l'infini
Information
Intelligence économique : frontière de l'infini vers lequel voyage l’Entreprise (PME, TPE, spin-off, géant du CAC 40). Sa mission : explorer de nouveaux mondes étranges, découvrir de nouvelles vies, d'autres civilisations et au mépris du danger reculer l'impossible.

On aura reconnu l’accroche de Star Trek, L’espace pourrait certes être remplacé par l’écosystème des entreprises. Certes. Mais à la relecture de vieux textes (p. ex. Le faux débat sur l’intelligence économique, Harbulot & Duclos, 1996), aux propos rapportés d’un Philippe Baumard à ICC 2010 (voir également sur Intelligences connectées), on pourrait se dire que l’intelligence économique, dans beaucoup d’ici-bas, c’est un peu l’horizon, une ligne imaginaire qui s’éloigne à mesure qu’on s’en rapproche. Ou pire, une discipline que d’aucuns pratiqueraient comme Monsieur Jourdain (entendu en vrai,  promis, en atteste Nicolas Moinet ici ou , ou François Beau en 2007). C’est oublier bien vite que le Bourgeois gentilhomme Jourdain (Molière, 1670), cherchant à mimer l’homme de qualité, en était fort dépourvu, sauf du ridicule (“Suivez-moi, que j'aille un peu montrer mon habit par la ville”, Acte III scène 1).

Or aujourd’hui l’horizon est en 2013 (la rentrée), après lequel AUCUN des diplômés en licence (soir bac+3) ne quittera les bancs de l’école sans avoir entendu parlé de l’intelligence économique.  Des compléments optionnels seront proposés au niveau master. C’est l’une des annonces faites lors du lancement de la chaire “Intelligence économique et stratégie des organisations” ce lundi 7 février (2011/02/07)  par l’université Paris-Dauphine et sa fondation (communiqué de presse). La bonne nouvelle : il reste deux ans pour trouver une bonne formule d’enseignement pour quelques centaines de milliers d’élèves (repères et références statistiques - édition septembre 2010). La mauvaise : deux ans, c’est long pour la politique (mais bien sûr pas long  comme lacune), comme le soulignait Christophe de Margerie.

Lien
Au-delà de Tous les étudiants sensibilisés à l’intelligence économique dès 2013, le blog IE du Figaro Secrets d'affaires diffusera la vision de l'intelligence économique des trois piliers de la nouvelle chaire.

Citation
Les dauphins sont si intelligents, qu’en quelques semaines de de captivité, ils sont capable de dresser des humains à leur jeter des poissons du bord de la piscine [[Anonyme]]

It is of interest to note that while some dolphins are reported to have learned English - up to fifty words used in correct context - no human being has been reported to have learned dolphinese (S'il a été remarqué que quelques dauphins pouvaient reconnaitre jusqu'à cinquante mots de notre langue, aucun humain n'a jamais pu comprendre un seul mot de la leur.) [[Carl Sagan (1934-1996) écrivain, scientifique et astronome américain, vulgarisateur, intéressé par l’exobiologie et la recherche d’intelligence extraterrestre (cf. citation de Pierre Dac)]]

Un pigeon, c'est plus con qu'un dauphin, d'accord... mais ça vole. [[Michel Audiard (1920 - 1985), dans son premier long-métrage de 1968, Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages]]

eMedia
À  l'occasion de la parution du Que Sais-je : la guerre économique écrit avec Éric Delbecque, Christian Harbulot revient sur l'affaire Renault sur Xerfi e-changes (voir également l’annonce chez Spin Partners). Il y opère une concordance des temps entre le Japon et la Chine, avec des temporalités distinctes, sur les modes de rattrapage de la technologie de l’ère Meiji à la Chine moderne. Il insiste par ailleurs sur l’importance de la définition correcte de l’information, et son usage offensif, qui est une des menaces les plus importantes actuellement : Xerfi e-changes : La guerre économique par Christian Harbulot.






Document
Il s’agit du rappel et compte-rendu, encore partiel (voir également ici, , et là-bas), du lancement de la chaire “Intelligence économique et stratégie des organisations” ce lundi 7 février (2011/02/07)  à l’université Paris-Dauphine et sa fondation. Remarquons le calque de l’intitulé de la chaire sur le rapport “Martre” (rapport coordonné par Henri Martre, Intelligence économique et stratégie des entreprises, disponible en pdf à la documentation française). Le programme :
  • allocution de bienvenue par Laurent Batsch, Président de l’Université Paris-Dauphine ;
  • intervention de Claude Guéant ;
  • intervention d’Olivier Buquen, Délégué interministériel à l’intelligence économique ;
  • présentation de la Chaire par Stéphanie Dameron, Directrice Scientifique de la Chaire ;
  • table ronde animée par Stéphanie Dameron sur le thème "Les nouveaux enjeux de l’intelligence économique pour la compétitivité des entreprises et de l’Etat" : Olivier Buquen, Délégué interministériel à l’intelligence économique ; Christophe de Margerie, P-DG du groupe Total ; Luc-François Salvador, P-DG du groupe Sogeti ; Chris Viehbacher, DG du groupe Sanofi-Aventis remplacé par M. Christian Lajoux ;
  • conclusion par Laurent Batsch.
Dossier top secret (ou confidentiel ?)
Notons l’association des deux premières entreprises en poids indiciels du CAC 40 (Total et Sanofi-Aventis). et l’une des plus légères (Cap Gemini-Sogeti). On peut remarquer dans Challenges il y a un an, la proximité des deux premières dans la seringue de Sanofi-Aventis et le baril de Total-Sanofi, avec Total en premier actionnaire de Sanofi. Trois entreprises avec des cycles d’innovations de longueurs différentes.
Olivier Buquen (Délégué interministériel à l’intelligence économique) y a dévoilé les ambitions gouvernementales, consistant notamment à sensibiliser les acteurs clés, notamment les futurs diplômés de l’enseignement supérieur – les managers, ingénieurs, fonctionnaires ou chercheurs de demain – aux différents aspects de l’intelligence économique, avec un plan ambitieux à 2013, dont la chaire Paris-Dauphine d’Intelligence Économique est le premier maillon (de la chaire…) est la première pierre. Les objectifs annoncés de cette chaire, pour un budget relativement modeste de 225000 euros par an sur quatre ans, sont :
  • sensibiliser les managers présents et futurs aux problématiques de l’intelligence économique ; 
  • développer des recherches sur les interactions stratégiques entre management et intelligence économique ; 
  • participer à la construction d’un ensemble de savoirs et de méthodes applicables à l’intelligence économique dans les organisations. 
Des signaux encore faibles de ce lancement, on peut retenir une volonté forte d’infuser la culture de l’intelligence économique. Une distinction opérée par Christophe de Margerie sur le confidentiel et le secret, avec une volonté affichée de Total de mieux coopérer, d' '”être meilleur ensemble”  (avec l’état, d’autres groupes), notamment en termes géopolitiques et de connaissance des réseaux de décisions pour éviter de nouvelles mésaventures telles qu’en Abu Dhabi.  Christian Lajoux a insisté sur l’importance (“le point crucial”) de traiter, d'intégrer  ”sérieusement” les informations captées (souvent publiques) pour évaluer les ruptures. Pour Luc-François Salvador, il est important dans l’immatériel de regarder la valeur de l’innovation dans les business-models.

Olivier Buquen a également évoqué la conception d’une base de données de risques à usage des entreprises, avec peut-être un futur slogan : “protéger le patrimoine économique (de son entreprise), c’est protéger son emploi”. Une position un peu défensive, en regard du terme d’intelligence économique qu’il faut expliquer à chaque usage, indiquant en creux un mini-échec marketing (en termes de branding).

Laurent Batsch a ponctué le débat de deux observations. La première : et pourquoi pas une chaire de Knowledge Management (qui n’a guère reçu de réponse). Et la seconde qui, bien qu’attendue par les locaux, me semble très sérieuse (et touche à l’âme profonde du traiteur de signaux et d’images). Pourquoi le cerveau ne voit-il pas l’information ? Pourquoi passe-t’on parfois à côté ? Au-delà de la finance comportementale, il est peut-être utile de s’appuyer sur les sciences cognitives, qui commencent à lever le voile sur le disque mou si puissant parfois, caché juste derrière les yeux et les oreilles. Paris-Dauphine est désormais en partenariait avec le Collège de France sur ces thèmes.

Enfin l'un des intervenants a salué in fine que malgré le temps court des politiques, il est plaisant de les actuels pensent à laisser derrière (oups) au centre du dispositf des éléments stables permettant de poursuivre la politique d'intelligence économique. Si Blaise Pascal fait de l'espace (frontière de...) une sphère infinie dont le centre est partout, la circonférence nulle part, souhaitons meilleur sort à cet oracle delphique.


Agenda
Le VeilleLab à Metz, jeudi 10 février, où sera Terry Zimmer d'Intelligences connectées. Plus de dates dans l'agenda.

3 commentaires:

  1. Bonjour Monsieur Duval,

    Merci pour les différentes mentions, dans ce billet et d'autres, et merci surtout d'avoir mis le VeilleLab Metz dans votre agenda.

    En guise de reconnaissance, voyant que vous appréciez les citations en rapport à l'IE et à l'information, je partage avec vous l'une des dernières que j'ai lu:

    "Il est permis d'être battu, jamais d'être surpris." Frédéric Le Grand [1712-1786]

    Un mythe s'écroule :)

    Merci pour vos billets CLADe et non CLADe, continuez surtout, ils sont très plaisants.

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  2. Entre les petits fours du buffet (fort bons) et les invités du gratin Dauphinois (hihi) lundi soir, nous nous disions avec ma collègue : "tiens c'est marrant, on ne voit pas dans l'assistance les têtes connues (ou chenues) que l'on a vu dernièrement sur les plateaux de télévision". Dont acte : réaction de la SynFIE en début d'après-midi sur le blog Secrets d'affaires Chaire d'IE à Dauphine : les professionnels déçus de ne pas avoir été consultés. Moi-même, si un ancien stagiaire ne m'avait pas transmis l'information (Pascal, si tu nous regardes...), j'aurai été très déçu.

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  3. Monsieur Terry Zimmer

    Je vous remercie de votre message très sympathique, générateur du surcroît d'énergie nécessaire à fournir ce blog, s'il y a au moins un lecteur... Converti récent, il me faudra encore de l'entraînement et de sources avant de fournir du contenu pertinent. Mais s'il est plaisant, c'est déjà ça.

    Une citation bien frappée, et l'on s'endort plus sereinement. Je la conserve pour un thème ultérieur. Ayant fait des études à Metz, et y retournant régulièrement pour enseigner, j'espérais pouvoir passer au VeilleLab Metz 2011. J'ai cependant envoyé l'information à mes élèves, en espérant que certains y fassent un tour.

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