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mercredi 25 juin 2014

GAFA/BATQX : nouveaux territoires, les Indes Gafantes, en voie de balkanisation








Rappel d'acronymes à la mode :
  • BAGEL: (Ali)baba, Amazon, Google, Expedia, LinkedIn
  • BAT : Baidu, Alibaba, Tencent
  • BATX : Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi
  • BATQX : Baidu, Alibaba, Tencent, Qihoo, Xiaomi
  • FANG: Facebook, Amazon, Netflix, Google
  • GAFA: Google, Apple, Facebook, Amazon
  • GAFAM: Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft
  • NATU: Netflix, AirBnb, Tesla, Uber
  • TUNA: Tesla, Uber, Netflix, AirBnb


Une émission Du grain à moudre sur France Culture porte le titre provoquant "Google est-il un projet politique ?". Politique, on l'oublie parfois, vient de polis, la cité. Dans ce monde qui se dématérialise, du moins en budget, la donnée, privée, publique, quand elle est offerte gratuitement ou gracieusement aux fameux GAFA/GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, en ajoutant Microsoft qui voudrait en être, en en oubliant d'autres, comme IBM), donne progressivement accès à ces quatre "grands américains" aux fonctions régaliennes de l’État. C'est l'histoire continuée des Indes galantes.Et ce n'est que le début, avec les trois BAT qui arrivent de l'Empire chinois. Les BAT, ce sont Baidu, Alibaba, Tencent. Ou peut-être les quatre X-BAT, ou ABTX, ou BATX, si l'on ajoute Xiaomi. Voire (2015/07/15) les cinq BATQX (Baidu, Alibaba, Tencent, Qihoo et Xiaomi).


Le séminaire Études stratégiques : les enjeux de la recherche stratégique française s'est tenu le mercredi 21 mai 2014. Fourni d'un CDRom de notes techniques et stratégiques passionnantes (stratégie russe, Asie, usages cybernétiques dans le proche Orient, etc.), et avec un programme très riche, résumé par ses tables rondes et ses intervenants ci-après.

Le seul point que je souhaite mettre en relief est une remarque en incise de François-Bernard Huyghe : il remarquait que les grandes entreprises numériques (Goggle, Amazon, Facebook, Apple, ou G.A.F.A, d'où l'adjectif "GAFAntes"), qu'on aurait pu dire "sans territoires", développent des capacités diplomatiques, voire des capacités militaires "comme au temps de la Compagnie des Indes".

Une Compagnie des Indes : voici à la fois un signal faible et une concordance des temps.


Je me rappelle d'une conférence organisée par la section IEEE France il y a une dizaine d'années. Probablement le 21 mars 2006, "Les normes de compression des images, de JPEG à MPEG4", par Bernard Marti, ancien Directeur de la Normalisation du groupe France Télécom. MPEG4 est l'acronyme d'un format de compression de la vidéo numérique, le genre de norme sur laquelle des grandes compagnies se mettent d'accord pour avoir des produits (supports CD/DVD, téléviseurs, enregistreurs) interopérables : que le film X (et pas "un film X") soit lisible sur le décodeur Y. Et tandis que les pays "occidentaux développés" et leurs compagnies se mettaient d'accord autour de MPEG2, MPEG4, un autre pays, l'usine du monde, qui fabriquait l'essentiel des supports CD/DVD, téléviseurs, enregistreurs, avec un marché intérieur gigantesque, développait un autre standard (concurrent) de compression vidéo : l'Audio Video Standard (AVS). Le développement de ce standard de compression "Made in China", dit cette page wikipédia, aurait été initié par le gouvernement de la République Populaire de Chine. L'aubaine, maîtriser à la fois le matériel et le logiciel. Voila pour le fond technique. On raconte alors que M. Bill Gates, alors patron de Microsoft, serait allé lui-même en mission diplomatique en Chine pour négocier l'adoption des standard MPEG (contre l'AVS). Cette information est assez peu recoupable (ma mémoire), alors avec des pincettes. Allez, disons le G.A.F.A.M., incluant Microsoft, ça fait plaisir à Bill.
Cependant, il y a dix ans encore, flottait l'impression éternelle que l'Internet dépassait et re-dépasserait les territoires, abolissait les frontières. Aujourd'hui, car le monde numérique change vite, flotte un autre parfum de balkanisation (mot inventé en 1918) de l'Internet. Un terme portant sur le morcellement de territoires physiques, géographiques, politiques s'applique désormais à la réalité presque intangible de l'Internet. Les termes "internet balkanization" ou "cyberbalkanization", le joli mot-valise de splinternet (splinter : esquille, écharde) a fait son apparition. Il recouvre les différents moyens logiciels ou matériels de blocage et de contrôle rétablis au niveau de certains états. La grande cybermuraille de Chine (Golden Shield Project, ou Great Firewall of China) est l'exemple le plus courant. Les remous de l'affaire Snowden, et l'espionnage (disons la surveillance vigilante) des communications par les États-Unis, avaient conduit au Brésil à un projet de loi imposant le stockage sur le sol brésilien des données concernant le Brésil, ou du moins la soumission des Google et autres Facebook aux lois du pays pour les données locales. Cette loi semble pour l'instant en voie d'abandon. [MAJ20140705 : En revanche, la chambre basse du Parlement russe, la Douma, veut obliger les acteurs étrangers de l'Internet à stocker les données de leurs utilisateurs sur le territoire russe, loi qui pourrait entrer en application en 2016 (, , ou )] Cela rappelle que les projets de Google d'avoir des datacenters off-shore, hormis l'idée d'avoir un refroidissement naturel par l'eau fraîche, étaient suspectés de vouloir se placer loin de certaines limites territoriales, et de s'affranchir des vilaines lois contraignantes des vieux états. Suspicion douteuse, en fait.

Donc d'un côté, l'Union européenne (qui a quand même une vieille base territoriale) vient de devenir propriétaire (ainsi que producteur et financeur) de son premier "bâtiment" : c'est Galileo. Des satellites, certes, mais surtout un ensemble de services de positionnement théoriquement sous contrôle civil. L'Europe, pour sa première maison, se dématérialise.

De l'autre Google, à tout seigneur tout honneur, qui a acquis Boston Dynamics (Google Buys Scary Military Robot Maker) fin 2013, avec ses robots, comme Cheetah qui dépasse Husain Bolt, Amazon et ses drônes. Il est en passe d'acquérir une start-up d'imagerie satellitaire, SkyBox. Une compagnie de satellites, des robots tueurs, si ça ne vous rappelle pas le Skynet de Terminator... Don't be evil qu'ils disaient, sinon vous aller le regretter. Et dans Android sera semé partout, selon la vision de Google. Apple et Google, investissant massivement dans l'automobile et la santé, jusqu'à vouloir tuer la mort (avec Calico). Si Exxon a vaguement la taille de la Taille-lande, les revenus de Google furent supérieur en 2011 aux 28 pays les plus pauvres (voir ici). Et maintenant, ils viennent s'abreuver directement sur nos terroirs viticoles, en voulant déléguer les nouveaux noms de domaine en .vin ou .wine. Yes l'ICANN.

L'on voit que les GAFA, ou GAFAM, ainsi que leurs séides numériques, se projettent joliment dans le monde physique.

Une compagnie des Indes (orientales, occidentales) gérait le commerce entre le centre européen colonisateur et ses colonies. Cela concerne les Pays-Bas, France, Angleterre, ainsi que par exemple la Suède ou le Danemark. La compagnie britannique des Indes reçut de Charles II (1670) le droit d'acquérir de nouveaux territoires autonomes, de frapper de la monnaie, de commander des troupes armées, d'avoir une activité diplomatique et d'exercer la justice sur ses territoires. La compagnie hollandaise (une des plus grosses entreprises capitalistiques de l'histoire) envoya des vaisseaux lourdement armés, non pour l'annexion territoriale, pour pour lutter contre les comptoirs espagnols et portugais. Dans la française, on retrouve le vice-Amiral Ganteaume. Le rôle de la compagnie suédoise "dépasse toutefois le cadre purement commercial puisqu'elle touche aussi aux domaines diplomatiques".

Commerce et puissance militaire peuvent donc faire bon ménage, dans le monde réel comme dans le monde virtuel. Dans ce qui fait la souveraineté d'un état, la possibilité de battre monnaie est importante (où l'on voit que l'Europe...). Récemment dans le monde immatériel, BitCoin affolait les réseaux en battant monnaie virtuelle (BitCoin étant devenu ainsi un peu plus souverain que la France), mais prenait substance (au Canada par exemple). Mais quel est le nouvel or : les cartes SIM des appareils mobiles (où l'on retrouve les Google, Amazon et Apple, Facebook frôlant le flop) ? Les données et le "big data science" ? Les flux numériques (son, image et vidéo ?). Cette quête mènera-t-elle à la fin de l'Internet tel que certains l'auront connus, espéré, ou souhaité !Car ce n'est pas fini. Après les états, après les e-entreprises, des groupes organisés prouvent qu'ils deviennent plus puissant que des états.
Sécurité : Des dizaines de groupes de cybercriminels auraient atteint un niveau de sophistication tel que leurs capacités techniques sont équivalentes à celles d'un État-nation. Ces pirates vendent leurs compétences pour construire des attaques complexes qui peuvent pratiquement casser n'importe quelle cyberdéfense.
Tout cela n'est guère sérieux, juste une marche aléatoire dans les traces faibles du futur de l'internet et des technologies numériques, et de son emprise possible dans le monde réel. IRL. Pour un sujet moins régalien, le livre, voir "Amazon, l'algorithme contre le libraire". Sécurité, armée, santé (jusqu'à la vie éternelle), éducation (MOOC, etc.), infrastructure (téléphonie, internet, réseau de ballons), cartographie. Et quid d'une force de frappe un peu hors des radars, comme Baidu ("le Google chinois") ? Qui a pris Andrew Ng (une des sommités récentes du data science) comme directeur technique, pour superviser les recherches en apprentissage automatique (ou machine learning) ? Dans ce cas, l'état sous-jacent est assez clairement en soutien de cette stratégie d'influence. Winter is coming. Le prochain GAFA sera peut-être chinois, et s'appellera BAT, pour Baidu, Alibaba, Tencent ? Ou BATX, pour Baidu, AliBaba, Tencent et Xiaomi. Ce n'est plus les Indes Gafantes, c'est peut-être la nouvelle route de la soie. Et l'on sait comme l'intelligence économique et la route de la soie sont reliés.

On avait dit le programme, au départ ?

TABLE RONDE 1. ENJEUX DE LA COMMUNAUTE FRANCAISE EN MATIERE DE RECHERCHE STRATEGIQUE
Philippe ERRERA (ministère de la défense), Frédéric CHARILLON (Institut de recherche stratégique de l’École militaire, IRSEM), David CVACH (Centre d’analyse, de prévision et de stratégie, CAPS, ministère des Affaires étrangères), Xavier PASCO (Fondation pour la recherche stratégique), Dominique DAVID (Institut français des relations internationales, IFRI), Jean JOANA (Université de Montpellier 1), Jean-Jacques ROCHE (Institut des hautes études de défense nationale, IHEDN)

TABLE RONDE 2. ENJEUX CYBER
François-Bernard HUYGHE (Institut de Relations Internationales et Stratégiques, IRIS), Olivier DANINO, (Institut français d’analyse stratégique, IFAS), Guillaume TISSIER (Compagnie européenne d’intelligence stratégique, CEIS), Frédérick DOUZET (Université Paris VIII)

TABLE RONDE 3. ENJEUX AFRICAINS
Col. Xavier COLLIGNON (Délégation aux affaires stratégiques, DAS, ministère de la Défense), Clélie NALLET (Les Afriques dans le Monde, LAM), Sonia LE GOURIELLEC (Université Paris-V Descartes), Raphaël ROSSIGNOL (Ecole des hautes études en sciences sociales, EHESS)

TABLE RONDE 4. ENJEUX ASIATIQUES
Benoît DE TREGLODE (Délégation aux affaires stratégiques, DAS, ministère de la Défense), Jean-Pierre CABESTAN (Université baptiste de Hong-Kong), Valérie NIQUET (Fondation pour la recherche stratégique, FRS), Delphine ALLES (Université de Paris-Est Créteil)

dimanche 8 décembre 2013

Guerre, sciences, ingénierie, technologie

Léonard de Vinci, char en coupe ©Paule Elliott
A l'occasion d'un enseignement "L'ingénieur et la recherche" (sensibilisation et intérêt de la formation à la et par la recherche pour des ingénieurs), l'étymologie m'est revenue en face : en français plus ancien engigneor désigne le "constructeur d'engins de guerre". Et de manière plus générale, "celui qui construisait ou inventait des machines de guerre ou qui assurait la conception et l'exécution des ouvrages de fortification ou de siège des places fortes". On retrouve un peu de cette racine dans le génie militaire, dont l'homme (pionnier, sapeur ou ingénieur de combat) contribue à la défense et l'attaque des places forces, destruction ou réfection des ponts et routes, etc. Une histoire du corps des officiers du Génie militaire (école du génie de Mézières) fait émerger le nom de (François-Michel le Tellier, Marquis de) Louvois (von Ulm), sujet actuel de discorde dans la paie des militaires (logiciel Louvois, RP Défense). Au 18e siècle, les Écoles spéciales (futures "Grandes écoles" d'ingénieurs, cf. histoire des formations d'ingénieurs) sont fondées ou réorganisées pour former des cadres techniques et militaires de l’État, en partie en concurrence avec les Universités, jugées inféodées au vieux pouvoir royaliste et à la religion. La tonalité polémologique (de la science de la guerre) est assez visible :
La loi qui organise les écoles de services publics du 30 vendémiaire an IV en fixe la liste suivante :
  • École polytechnique 
  • École d'artillerie
  • École des ingénieurs militaires
  • École des ponts et chaussées
  • École des Mines de Paris
  • École des géographes
  • École des ingénieurs de vaisseaux
  • Écoles de navigation
  • Écoles de marine
L’appellation d’"École spéciale" subsiste dans l’École spéciale militaire de Saint-Cyr. Cette histoire est en fait plus évoluée que dans ces quelques lignes, cf. fiche wikipedia. Aujourd'hui, le lien s'est distendu, même si l'on trouve un grand nombre de technologies duales (civiles et militaires) dans les objets de l’ingénierie (de l'internet au nucléaire, en passant par l'aviation), même si l'on voit parfois une transition de l'économie de guerre à la guerre économique, faisant de l'ingénieur un soldat de cette guerre économique. A l'occasion du centenaire de la Grande guerre, les programmes de France culture ont fait place aux liens résiduels entre guerre, technologie et sciences en général. En voici quelques podcasts, parcourant technologie (de l'image aux jeux vidéos et aux robots ou drones télécommandés), science et guerre (figures d'Archimède, Léonard de Vinci, Descartes, Galilée), chimie et médecine, sciences humaines par la sociologie et l'étude des mutations des sociétés, jusqu'à la zoologie et les sciences vétérinaires (avec les animaux morts pour la France). 

La technologie dessine-t-elle la guerre de demain ? De la première guerre mondiale, les images les plus fortes sont celles des soldats jaillissant des tranchées pour affronter la mitraille ennemie. Le résultat pour la France : près de 1,4 millions de soldats tués sur 9,7 millions de pertes militaires pour l’ensemble des pays ayant participé à cette guerre. Des conflits actuels, en Irak ou en Afghanistan, les images frappantes apparaissent bien différentes. Il s’agit souvent d’un écran d’ordinateur avec une cible marquée d’une croix. A des milliers de km du lieu de la frappe, un soldat tient un manche de jeu vidéo . Lorsqu’il presse sur le bouton rouge, le drone qu’il contrôle lance un missile sur l’objectif. Les fantassins eux-mêmes sont dotés d’un équipement de communication qui permet aux états-majors de suivre les opérations en direct. Au sol également, des robots télécommandés se développent et les soldats sont munis de drones leur permettant de jeter un coup d’œil derrière la colline sans risquer leur vie.
Science et guerre : un pacte indéfectible ? Pourquoi l’image dominante est-elle celle d’une science qui n’a rien à voir avec le monde social, et notamment avec la guerre ? Pourquoi dit-on qu’elle en est même l’antithèse ? Pourquoi cet aveuglement ? Est-il ancien ou récent ? Les productions de science et de techniques sont beaucoup plus mélangées qu’on ne le dit ordinairement. Aujourd’hui la science est techno-science. Car n’est-elle pas, avant tout, production de dispositifs, de systèmes, d’instruments, de techniques, antérieurement ou en parallèle avec une quelconque production de savoir ? La très grosse majorité des pratiques de science et de techno-science, aujourd’hui, vise des savoirs incarnés dans des objets. A partir de certaines affirmations : « La science sert, peut servir à produire des armes et des gadgets militaires de série et à en trouver l’usage. » « Les militaires aident à faire advenir les inventions scientifiques en productions de masse. » « La science peut servir à mieux gérer la guerre, à en améliorer l’art et la manière, à la rendre plus ‘efficace’ et meurtrière » ce rendez-vous de Continent Sciences, est consacré à restituer les relations qu’ont, depuis Galilée, entretenues les sciences et l’art de la guerre. Avec Dominique Pestre, historien des sciences.
Du gaz moutarde au gaz sarin, la guerre chimique : en cet anniversaire de la fin de la première guerre mondiale, les récits laissés par des anciens de la Grande Guerre sont autant de témoignages que l’on se prend à lire, ou à relire, avec effroi bien souvent... Au regard de notre “actualité de guerre”, certains vont raisonner plus fortement que d’autres ; il en va ainsi du livre de Paul Voivenel et Paul Martin, deux médecins mobilisés dans le Service de la santé de la Grande Guerre et qui ont tenu un journal de 1915 à 1918, aujourd’hui édité sous le titre La guerre des gaz (éditions Bernard Giovanangeli). Un témoignage rare et de première main sur cette guerre des gaz qui s’est jouée dans les tranchées : “Sous la neige qui tombe toujours, ils s’uniformisent, les cimetières où dorment les milliers de gazés... et ceux de Dieulouard, et ceux de Reims, et ceux du Chemin des Dames, et ceux de Bouvancourt, et ceux du Matz, et ceux de l’Oise... Ils étaient jeunes... Ils croyaient les guerres impossibles, ces guerres que le plus grand des philosophes américains, William James, avait déclarées mortes à jamais...Ils étaient à l’âge des enthousiasmes et des actes de foi et leur âme rayonnait à travers la vie...” Depuis cette terrible guerre, les gaz, ces moyens de destruction massive, n’ont eu de cesse d’être développés par la suite, expérimentés et exploités jusqu’au récent conflit en Syrie. Les armes chimiques, toute une armada souvent considérée comme des armes “déloyales”, aux différentes caractéristiques et dont la classification laisse imaginer leurs effets dévastateurs : les incapacitants psychiques et physiques, les vésicants, les suffocants, les toxiques de l’oxygénation, les neurotoxiques organophosphorés, les toxines... Retour sur l’histoire de cet arsenal chimique au service de la guerre, sur ses conditions de fabrication, sur ses différentes utilisations et sur les tentatives internationales pour en encadrer et même en interdire le recours depuis la fin de la Première guerre mondiale. Avec l’historien Olivier Lepick, auteur notamment du livre La grande guerre chimique (1914-1918) PUF.
Neutre, témoin, ou engagé : les médecins dans les guerres : Avec Jean-Jacques Eledjam, Président National de la Croix-Rouge française, nouvellement élu pour quatre ans, docteur en médecine, praticien hospitalier dans la spécialité d’anesthésie-réanimation, médecine d’urgence et Bernard Kouchner médecin et ancien Ministre, cofondateur de Médecins sans Frontières et de Médecins du Monde. Avec eux nous reverrons le rôle des médecins militaires et la création, il y a 150 ans, de la Croix Rouge Française par Henri Dunant qui n’était pas médecin mais qui propose, après la bataille de Solférino, de créer des sociétés de secours civiles susceptibles de se préparer en temps de paix et de venir en aide à tous les blessés lors des conflits. Le principe de neutralité et l’aide à toutes les victimes de guerres est mise en place. Puis on connaîtra la transgression de ce principe de neutralité par des « french doctors » entraînés par Bernard Kouchner qui ont créés des ONG telles que : Médecins sans Frontières puis Médecins du Monde et développés des concepts de corridors humanitaires et de droit d’ingérence. Les échanges entre ces deux conceptions du monde sont tout à fait d’actualité dans les conflits tels que la Syrie ou la Libye.
Les guerres sont-elles des accélérateurs des mutations planétaires ? Ce 11 novembre a lancé les commémorations du centenaire de la première Guerre mondiale. France Culture accompagne cet évènement. Tous les jours de 14h à 15h, nous vous proposons une semaine sciences & guerre sur France Culture. Pour sa part, Planète Terre appréhende la guerre comme un enjeu global. Depuis la fin des guerres mondiales, la guerre n'est elle pas, paradoxalement, davantage présente dans l’espace mondial ? Dans cette perspective, quelles sont en retour les effets de la guerre sur la mondialisation de la société et les problèmes globaux communs à tous ? En écho à cette émission, retrouvez Sylvain Kahn, Christian Ingrao, des géographes, des historiens, des philosophes, des politistes à la Journée d'étude en public "Europe et barbarie, passé-présent" le 15 NOV à Paris. Invité(s) : Jean-Baptiste Fressoz, historien des sciences, des techniques et de l'environnement, maître de conférence à l'Imperial College de Londres. Bénédicte Tratnjek, doctorante en géographie à l'IRSE (Institut de recherche stratégique de l'Ecole militaire) Christian Ingrao, directeur de l'Institut d’Histoire du Temps Présent (IHTP)
Préhistoire de la violence et de la guerre : L'homme est-il par nature un loup pour l'homme ? Si nos sociétés modernes et nos modes de représentation ont largement véhiculé une image de violence des hommes de la préhistoire, cette supposée "violence primordiale" serait, selon la préhistorienne Marylène Patou-Mathis, un mythe qu'il est temps, aujourd'hui, de décortiquer. Face aux idéologies et aux thèses de ceux qui nourrissent cette idée selon laquelle la violence, et donc la guerre, seraient inscrites dans la nature humaine, les fouilles archéologiques et les données historiques nous montrent que l'approche de ce terrain scientifique est plus subtile. Entre le "bon sauvage" de Rousseau et "l'homme loup pour l'homme" de Hobbes, la vraie nature de l'homme est à redécouvrir au regard des avancées de la science, et à lire dans le livre "Préhistoire de la violence et de la guerre". La violence et la guerre ne seraient pas consubtantielles au genre humain, mais engendrées par d'autres facteurs dus à la construction des sociétés modernes ! Avec Marylène Patou-Mathis, directrice de recherche au CNRS, responsable de l’Unité d’archéo-zoologie du département « préhistoire » du MNHN (Muséum national d’histoire naturelle). Puis en seconde partie , nous accueillerons Thibault Rossigneux, directeur artistique de la « Compagnie le sens des mots » et concepteur de Binôme, cette belle idée et réalisation artistique, qui s’est donnée à voir en divers lieux et notamment au festival d’Avignon, résultat d’une rencontre entre un scientifique, un auteur de théâtre et des artistes. On en parle dans 45 minutes, à l’occasion de leur tournée itinérante, prochain spectacle les 26 et 27 novembre prochain. Invité(s) : Marylène Patou-Mathis, docteur en préhistoire, directrice de recherche au CNRS Thibault Rossigneux, directeur artistique Les sens des mots
Des animaux morts pour la France ! Histoire des bêtes de tranchées “Bêtes de tranchée”, mortes sur les champs de bataille..., c’est à ses animaux enrôlés, projetés dans la grande guerre et oubliés, qu'Eric Baratay consacre son dernier livre. Deux disciplines mises au service de ce projet, l’éthologie et l’histoire rassemblées pour faire surgir ces récits que l’on retrouve dans les souvenirs et témoignages de poilus, mais qui ont occupés bien peu de place dans notre historiographie officielle jusqu’aux années 2000. 11 millions d’équidés, 100 000 chiens, 200 000 pigeons pour ne citer qu’eux, qui servaient à porter, guetter, secourir, informer... Et tous les autres animaux sauvages et domestiques vivant dans ces secteurs de combat ! Des histoires qui se croisent aussi entre nations, France, Angleterre, Allemagne, Italie et qui mettent en lumière les différents rapports des hommes aux animaux en ce début de XXe siècle. Pari réussi d’Eric Baratay qui nous fait sentir la place de ces “soldats à quatre pattes”, tombés sur les champs d’honneur, leurs vécus, leurs rôles et leurs souffrances, leurs actions. Avec Eric Baratay, professeur d’histoire contemporaine unité Jean Moulin, université Lyon 3, auteur de Bêtes des tranchées. Des vécus oubliés (CNRS éditions). Et en seconde partie de La Marche des sciences, notre partenariat avec le magazine Science et Vie, avec l’historien des sciences, Michel Blay, pour nous paler du Hors-Série intitulé "Les scientifiques et la religion" Invité(s) : Eric Baratay, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Lyon III, spécialiste de l’histoire de l’animal, auteur notamment «Le point de vue animal – Une autre version de l’histoire» (éd. Seuil)
Le soldat, porteur et victime d’une violence légitime / La guerre technologique vue du ciel : Avec Michel Goya, officier de l’armée de terre et Christophe Fontaine, officier de l’armée de l’air (Université de tous les savoirs - cycle "la violence aujourd'hui")